Rosario y Antonio

1946
Spanish dancers Rosario and Antonio began working together as children, originally appearing in public at the Liege Exposition in Belgium in 1928, when Rosario was 10 and Antonio was only seven years old! As international performers they were called “Los Chavalillos Sevillanos” by Spaniards and Latin Americans and—after their U.S. debut in 1940—”The Kids from Seville” by North Americans.
Antonio Ruiz Soler (sometimes his movie credit is given as Antonio Lopez) went on to become a celebrated star of the Andalusian Gypsy style of dance known as flamenco. After he and Rosario went their separate ways in 1952, he formed a dance company and went on to choreograph numerous works, combining folkloric with classical and modern flamenco styles, and ultimately becoming the director of the National Ballet de Espana.

Rosario was born Florencia Perez Padilla in Seville. During her long partnership with Antonio, she performed in Portugal and Andalucia, for exiles in France during the Spanish Civil War, and in Buenos Aires with Carmen Amaya’s dance troupe. Antonio and Rosario developed solos to add to their repertoire after the Amaya troupe went on tour, becoming the headliners at Buenos Aires’ Teatro Maravillas. They then moved on to Mexico, Cuba, and a stint at the Waldorf-Astoria in New York.
The dancers appeared at Carnegie Hall and even recorded a collection of Songs and Dances of Andalucia for Decca Records in 1942.

Rosario created dances too, including a series to the coplas of the poet Garcia Lorca. Not long before her professional separation from Antonio, Rosario made a film with him in Madrid and also danced “El Puerto” from the Suite Iberia by Albeniz. Her own experience as a manager of dance groups was a bit rockier than Antonio’s, but she continued to perform around the world, reuniting from time to time with her former partner.
Rosario’s and Antonio’s great talents as choreographers and dancers are in evidence in the fiery precision of the dance they perform with Carmen Cavallaro and his Orchestra in Hollywood Canteen. Beating impossibly fast rhythms with their heels and toes and striking dramatic attitudes, they gaze at each other intensely and prove that the formal and disciplined flamenco is at the same time an incredibly sensual dance. At times he seems like a proud matador moving swiftly aside to make way for her advances, though her swirling grace scarcely brings to mind a bull!

In addition to Hollywood Canteen, the film credits of Rosario and Antonio include Ziegfeld Girl, Sing Another Chorus, and Pan-Americana.

RetroSpective Magazine ~ Dancing at the Canteen by Chris Bamberger
Hollywood Canteen (1944)

Dance and Dancers Magazine, May 1950

Jean Lorrain ~ Neigilde, 1902

Costume for La Mer de Glace, act III, 1909
(Robe en satin de fil métallique argenté ornée de sequin et perles tubulaires parsemées et brodées de duvet de cygne blanc)
Ballet-opéra by Jean Lorrain, music by Charles Silver
Nouveau Musée National de Monaco
[photo Mauro Magliani and Barbara Piovan, 2010]  

Jean Lorrain ~ Colombine sauvée, 1917

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PREMIER TABLEAU


La chambre de COLOMBINE. Intérieur aisé, rustique, plafond à solives apparentes, armoire de chêne sculptée, lit à baldaquin drapé de soie cramoisie. Au milieu de la chambre, une grande table encombrée de bouquets de fiancés tous de roses blanches et fleurs d’oranger ; dans un pot de grès flamand, une grande gerbe de lys. Une large fenêtre à vitraux octogones et à demi-ouverte sur la campagne : on aperçoit une vallée ensoleillée, le clocher d’un village et des collines boisées.

Au lever du rideau, COLOMBINE, assise sur une chaise, sommeille, appuyée sur la table, le visage appuyé sur ses bras nus. Un rayon de soleil glisse par la porte entr’ouverte.

La chaleur et l’odeur des bouquets l’ont engourdie. Elle est toute de blanc vêtue, robe courte et corsage décolleté, une rose blanche dans les cheveux.

La fenêtre du fond, entrebâillée, s’ouvre lentement, toute grande, comme poussée par une main invisible ; grimpé sur une échelle, on aperçoit un Arlequin, un arlequin mauve et noir pailleté d’argent, masqué de noir, portant une guitare en sautoir. Il se penche curieusement dans la chambre, aperçoit COLOMBINE, et le doigt sur la bouche, il se penche en arrière comme faisant signe à un invisible compagnon, puis il enjambe la fenêtre, s’asseoit, jambes pendantes dans la chambre, et accorde sa guitare. Un autre Arlequin pareil au premier, apparaît à mi-corps sur l’échelle, il accorde aussi sa guitare. Musique endiablée et corruptrice parlant de galanteries et de fêtes inconnues dans des parcs lointains hantés de belles dames et peuplés de statues ; aubade de séduction invitant COLOMBINE à l’embarquement pour Cythère… ou ailleurs.

Pendant toute l’aubade, COLOMBINE ensommeillée s’agite comme oppressée ; elle porte la main à son front, fait le geste de repousser quelqu’un avec le bras, mais malgré elle, ses pieds frétillent en cadence.

Les Arlequins qui l’observent manifestent leur contentement. Tout à coup, on gratte à la porte ; le doigt sur la bouche, les Arlequins pincent un dernier accord, l’un enjambe la fenêtre, la referme à demi, l’autre redescend l’échelle et le premier le suit – et l’échelle disparaît. La scène reste vide.

On refrappe plus fort à la porte. COLOMBINE s’éveille lentement en s’étirant : quel cauchemar affreux ; elle est tout étourdie. Elle se lève et fait quelques pas en avant ; en portant la main à son front, elle rencontre la rose qui est dans ses cheveux : c’est cette fleur qui l’aura entêtée !    Elle la retire et la jette loin d’elle.

On refrappe une troisième fois et plus fort. COLOMBINE entend et court précipitamment ouvrir ; entre Madame Cassandre, la mère de COLOMBINE, et TRIVELIN, le cordonnier du village. Il apporte les souliers de COLOMBINE pour la noce du lendemain. COLOMBINE fait la révérence et pirouette ; Mme CASSANDRE avec de grands gestes, demande à COLOMBINE pourquoi elle n’ouvrait pas ; COLOMBINE explique qu’elle s’était endormie. Indignation de Mme CASSANDRE : « Dormir la veille de ses noces et la tête dans les fleurs ! Ce n’est pas étonnant qu’elle ne s’éveillait pas ; elle aurait pu mourir. » Mme CASSANDRE prend tous les bouquets et les emporte, sauf le vase de lys, cependant COLOMBINE s’est assise, et TRIVELIN, à genoux devant elle, lui essaye ses souliers de bal. Mme CASSANDRE rentre et demande à sa fille si elle est contente.

COLOMBINE se lève et marche à petits pas, en regardant ses souliers. Danse. Pas seul.

TRIVELIN et Mme CASSANDRE la contemplent tout ébaubis.

A un moment de la danse, on entend une réminiscence de l’aubade des Arlequins. COLOMBINE s’arrête toute triste ; elle n’est plus à ses souliers, à son prochain mariage : elle est là-bas, ailleurs dans les parcs enchantés des Cythères lointaines ; et comme Mme CASSANDRE et TRIVELIN lui demandent quelle mouche la pique et comme TRIVELIN insiste, elle retire ses souliers et les lui jette au nez !

Mme CASSANDRE n’en croit pas ses yeux ; sa fille est devenue folle ; elle calme TRIVELIN qui ramasse les souliers et les pose sur la table, le congédie et s’avance, les bras croisés, pour sermonner sa fille qui l’attend, assise en battant du pied. A ce moment, musique joyeuse dans l’escalier. Mme CASSANDRE se précipite vers la porte.

Entrée des jeunes filles du village, compagnes de COLOMBINE, toutes en blanc, apportant des bouquets et escortant la coffrée de la mariée, la robe de noce et le voile portés par deux gars à la veste et au chapeau enrubannés. Les jeunes filles accueillies avec force démonstrations par Mme CASSANDRE, qui leur montre COLOMBINE s’obstinant à bouder, s’approchent curieusement de la table ; la coffrée est déposée aux pieds de la maussade qui, devant les bouquets et les mains tendues, se met à sourire en se levant, va à tour de rôle embrasser ses compagnes et donner la main aux porteurs de la coffrée.

Mme CASSANDRE, ravie, va chercher une bouteille dans l’armoire et emmène boire les deux paysans ; sous la fenêtre, des vivats éclatent.

C’est PIERROT le fiancé, avec les gars du pays qui demande à entrer (les gars en blanc) ; une des jeunes filles se détache du groupe et va à la fenêtre faire signe qu’ils rentreront quand COLOMBINE sera habillée.

Les jeunes filles entourent COLOMBINE, la déshabillent et l’habillent en dansant, lui épinglant tour à tour la couronne et le voile, deux des jeunes filles suivent tous les pas de COLOMBINE, en tenant devant elle un miroir.

Au plus fort de la danse et de la joie de COLOMBINE, le motif des Arlequins éclate en réminiscence. Tristesse de COLOMBINE qui, de nouveau, s’arrête, traîne ses pas mélancoliques et écartant ses compagnes empressées autour d’elle, va douloureusement s’asseoir. Les jeunes filles n’y comprennent rien.

A ce moment, les vivats de PIERROT et de ses amis recommencent sous la fenêtre ; une des jeunes filles prend sur elle de leur faire signe de monter, tandis qu’une autre va recevoir à la porte Mme CASSANDRE qui vient d’entrer.

Consternation de la bonne femme qui revenait justement avec le médecin, lequel lève les bras au ciel et va tâter le pouls de COLOMBINE. COLOMBINE, inerte, le laisse faire sans lui répondre, d’ailleurs. A ce moment, rentre, avec de joyeux hourras, PIERROT, fiancé de COLOMBINE, brandissant un immense bouquet blanc et suivi de tous les gars du pays, dont quelques-uns en pierrot comme lui ; tous ont aussi des bouquets.

Croyant COLOMBINE malade, PIERROT se précipite vers elle ; les jeunes compagnes de COLOMBINE tentent en vain de lui expliquer… Il ne veut rien entendre et, faisant pirouetter le docteur qui prend le ciel à témoin qu’on le malmène, se jette aux pieds de sa bien-aimée, appuie son oreille sur son coeur. « Elle a donc du bobo, la petite chérie ? » Il lui baise les mains et lui fait respirer son bouquet.

COLOMBINE sourit, pose la main sur la tête de PIERROT, lui fait signe qu’elle est guérie ; PIERROT tire alors de sa blouse un écrin et l’ouvre sur les genoux de COLOMBINE : ce sont des boucles d’oreilles endiamantées et des jarretières à boucles brillantes. COLOMBINE les admire et tend à PIERROT ses oreilles, d’abord, où il accroche les brillants, puis ses  jambes sur lesquelles PIERROT, en retroussant un peu la robe, boucle les jarretières. Mme CASSANDRE, aux anges, les montre du doigt au docteur abasourdi. COLOMBINE s’est levée et PIERROT, la tenant enlacée, fait le tour de la scène, montrant à tous qu’elle est guérie.

Cependant, la nuit est venue et on allume les flambeaux.

Entrée des ménétriers. En signe de joie, PIERROT danse avec COLOMBINE.

Pas de deux, terminé par un baiser pris et rendu, auquel prennent part les compagnes de COLOMBINE et les amis de PIERROT.

Musique grave : c’est précédée de torches allumées ; l’entrée de CASSANDRE, père de COLOMBINE, accompagné du tabellion.

On va signer le contrat de mariage.

La mère CASSANDRE, avec révérences, prépare la table, les flambeaux, l’encrier, etc., etc. Les danses ont cessé.

PIERROT serre la main de son beau-père, du tabellion. Celui-ci s’installe et prend le contrat pour le lire. PIERROT s’empare de la main de sa femme pour la conduire à la table.

Le motif des Arlequins se fait entendre de nouveau : COLOMBINE pâlit, se renverse, chancelle quelques pas et s’évanouit.

Tumulte : les flambeaux s’éteignent. La mère CASSANDRE et PIERROT font évacuer la salle. CASSANDRE reconduit avec de grands saluts le tabellion. COLOMBINE a été portée sur le fauteuil, près de la table ; quelques jeunes filles l’entourent, puis elles se retirent discrètement.

PIERROT , CASSANDRE, Mme CASSANDRE et le médecin restent seuls auprès de COLOMBINE. Il ne reste que deux flambeaux allumés.

La lune s’est levée ; un rayon tombe sur COLOMBINE évanouie. Les soins de PIERROT et du médecin la rappellent à elle : elle s’éveille comme d’un cauchemar, mais à leur vue, elle entre comme en fureur, les bouscule avec de grands gestes, les repousse, leur jette les bouquets à la tête et Mme CASSANDRE les congédie avec de grands « hélas ! » Décidément sa fille est folle : tout cela est de sa faute, sa fille est trop gâtée.

Une fois qu’ils sont partis, Mme CASSANDRE revient auprès de sa fille ; mais aux premiers mots qu’elle essaye de lui dire, celle-ci arrache son voile de mariée, sa couronne, son bouquet et les lui jette si violemment à la tête que Mme CASSANDRE sort à reculons en faisant de grands bras et toute abasourdie. COLOMBINE, qui l’a suivie, ferme violemment la porte, met le verrou et vient brusquement s’asseoir près de la table, puis elle se relève, va ouvrir la fenêtre toute grande, respire bruyamment l’air de la nuit, enfin, comme agitée, revenant sur le bord de la scène, elle heurte du pied son voile, sa couronne, et son bouquet tout flétris ; elle les ramasse, les contemple tristement et va s’accouder à la table, – assise à la même place qu’au commencement du tableau.

Elle écrase du doigt une larme furtive et songe. Au loin la musique des Arlequins chantonne en sourdine. COLOMBINE l’écoute, le regard ailleurs, la tête renversée sous la lune – et s’endort… Minuit tinte lentement, très lentement, à l’église du village.

Au premier coup de minuit, une forme ailée vêtue de bleu métallique et coiffée d’une tête d’hirondelle surgit par la fenêtre et vient se poser, dans un reflet de lumière, devant COLOMBINE endormie ; au second coup de minuit, une seconde forme jaillit de même, et ainsi de suite, si bien qu’à minuit sonné, douze fées lunaires, les douze coups de minuit, sont là soudainement animées, rangées en cercle autour de Colombine.

Sur le motif devenu fantastique, tout de harpes et de flûtes de l’aubade des Arlequins, elles exécutent une danse très lente, toute en poses et en attitudes autour de la jeune fille endormie.
Un rond de lumière bleue les suit….

Durant leur danse, COLOMBINE s’éveille lentement. Les yeux fixes, comme une somnambule, elle se lève.

Rangées, six par six, à sa droite et à sa gauche, elles dansent, les bras tendus vers la fenêtre devenue extraordinairement lumineuse. Attirée vers cette lueur, COLOMBINE se dirige, les bras ouverts, droite sur ses pointes, vers cette fenêtre qui s’ouvre tout à coup jusqu’en bas, comme une porte archi-béante sur l’infini.


FIN DU PREMIER TABLEAU.

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DEUXIÈME TABLEAU


Un endroit vague enveloppé de mouvantes ténèbres. Au milieu de la scène, COLOMBINE endormie ; douze femmes voilées, debout, font cercle autour d’elle. Un rai de lumière tombe sur COLOMBINE.

Minuit sonne. Les douze femmes voilées s’éclairent : ce sont douze Arlequines jaunes et noires, pailletées d’argent. Elles dansent une ronde autour de COLOMBINE qui est vêtue de gaze d’or.

Pendant qu’elles dansent, les ténèbres se dissipent. On est au fond d’un immense parc bleuâtre avec charmilles et terrasses venant mourir sur la scène par un grand escalier ; dans le fond, un grand étang bordé de montagnes escarpées et chimériques rappelant le décor de l’ Embarquement pour Cythère. Sur une des terrasses, à gauche, se profile la colonnade d’un petit temple à l’Amour. Un clair de lune féerique baigne ce parc de rêve : atmosphère lumineuse et bleuâtre. On est dans l’île de Cythère.

COLOMBINE sommeille toujours. Un Arlequin mauve et noir, celui du premier tableau, paraît sur l’escalier ; les Arlequines dansent en l’appelant par des gestes et en lui montrant COLOMBINE endormie. Arlequin accourt en dansant vers COLOMBINE ; les Arlequines se dispersent. Arlequin s’agenouille devant COLOMBINE, la contemple et dépose sur sa bouche un baiser.

Pas de deux avec Arlequin essayant de la séduire.

Après quelques pas de poursuite, COLOMBINE émerveillée par ce qui l’entoure, se laisse atteindre. Arlequin l’amène, doucement enlacée, sur le bord du théâtre et là, emprisonnant sa taille dans une écharpe de soie, lui montre du doigt le petit temple de l’Amour.

COLOMBINE hésite encore, mais sur un signe d’Arlequin, une musique amoureuse et douce s’élève, toute de violes et de flûtes d’amour, le petit temple s’éclaire et sur son piédestal la statue d’Éros s’anime et voilà que, par la droite, processionne lentement, se tenant enlacés, le cortège enrubanné des pèlerins et des pèlerines de l’île.

Costumes de l’ Embarquement de Watteau. Ils traversent lentement la scène, deux par deux, en camail et dominos jonquille bleu-lunaire et violet pâle ; quand les dominos s’entr’ouvrent, on voit que les pèlerines sont des Colombines lilas et jaunes et les pèlerins des Arlequins. Ils gravissent l’escalier qui conduit au temple et se groupent en diverses poses, de degrés en degrés, éclairés par la lune.

COLOMBINE extasiée les regarde et se laisse poser sur les épaules un camail et un domino de pèlerin ; Arlequin lui-même revêt le même costume et prenant la main de COLOMBINE, ils se dirigent tous deux vers le temple de l’Amour.

A ce moment, PIERROT surgit et leur barre le chemin ; il fait des reproches à COLOMBINE qui veut fuir et provoque Arlequin ; celui-ci insulte PIERROT et met l’épée à la main. PIERROT en fait autant. COLOMBINE essaye en vain de les séparer ; des pèlerins l’entourent qui l’empêchent de se jeter entre les combattants : le duel a lieu.

Ils se battent.

PIERROT percé de part en part, tombe mort tout éclaboussé de sang ; le temple de l’Amour s’écroule ; une nuit sombre envahit la scène ; la foule des Arlequins et des Colombines se disperse.

COLOMBINE reste seule, agenouillée près du cadavre de PIERROT… Tandis qu’au-dessus de l’étang bordé de montagnes, fantastique, se lève une énorme lune couleur de sang.


RIDEAU

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TROISIÈME TABLEAU


Un cimetière de village, très gai, très ensoleillé, bordé, au fond, vers la droite, par le chevet de l’église dont les contreforts viennent mourir dans l’herbe. Le fond de la scène est occupé par le mur du cimetière, – dont une partie, écroulée, laisse voir la campagne et d’immenses champs de blé, – mur fuyant à perte de vue, sur le ciel bleu. A gauche, entre deux piliers rongés de mousse, la grille du cimetière. Sur une des tombes, déjà envahie par les herbes et occupant le milieu de là scène, on peut lire : « Ci-gît PIERROT. »

Au lever du rideau la scène est vide. Une femme en haillons, encapuchonnée d’une mante et qui semble se traîner avec peine, paraît dans la brèche du cimetière. Elle passe et disparaît.

Une minute après, elle reparaît à la grille, entre et se dirige en chancelant parmi les tombes : c’est COLOMBINE. Elle se laisse tomber, assise, les mains jointes, sur l’une d’elles ; elle songe, puis, avec un geste de désespoir, elle se lève et va rôdant par le cimetière comme si elle cherchait à lire une inscription.

Elle arrive devant celle de PIERROT, recule comme épouvantée, puis demeure stupide, les mains jointes sous sa mante et la tête baissée.

Le gardien du cimetière, depuis un moment, vaque à travers les tombes, un arrosoir à la main, et    passe auprès d’elle sans la voir. COLOMBINE l’entend, tressaille et allant vers lui, lui demande qui est enterré là. Le jardinier lui explique par signes que c’est un fou qui aimait une dévergondée, une jeune fille perdue, qui a quitté le pays et qui, pour elle, a reçu un coup d’épée là (au coeur), et il s’en va en haussant les épaules.

COLOMBINE s’accroupit, atterrée, sur la tombe de PIERROT ; elle demeure là, quelques moments, immobile, muette, affaissée dans ses haillons. Est-elle donc si changée que le vieux fossoyeur ne l’ait pas reconnue ?

Musique joyeuse. Ce sont les filles et les gars du village qui reviennent de la moisson et passent le long du mur du cimetière en chantant et en dansant presque. Les uns portant des gerbes, les autres couronnées de coquelicots, de nielles, de bluets, ils apparaissent d’abord en buste dans la brèche, puis tout entiers derrière la grille.

COLOMBINE les entend, se soulève et se dirigeant vers le mur du fond, s’appuie contre la brèche. Elle les regarde tristement passer.

Les chants s’éteignent au loin. La campagne demeure vide.

COLOMBINE reste immobile à la même place. Aucun de ceux-là non plus ne l’a reconnue !

Pendant qu’elle songe, les yeux perdus dans la campagne, CASSANDRE et sa femme sortent lentement de l’église. Ils sont vieux, cassés, tous les deux en grand deuil ; ils avancent péniblement. Bras dessus, bras dessous, s’appuyant chacun sur une canne, ils traversent lentement le cimetière.

COLOMBINE , la bouche grande ouverte et les mains jointes, les regarde stupidement passer entre les tombes. Arrivée devant celle de PIERROT, Mme CASSANDRE s’arrête et se baisse pour cueillir une fleur ; dans ce mouvement, son livre de messe lui échappe et c’est CASSANDRE qui le lui ramasse. Il la gronde cependant en brandissant sa canne. Mme CASSANDRE porte alors son mouchoir à ses yeux, et le bonhomme s’excuse et la console ; lui-même écrase avec son doigt une grosse larme qu’il a dans l’oeil.

COLOMBINE , qui a suivi toute cette scène avec un regard d’angoisse, fait un crochet à travers les tombes et les suivant presque pas à pas, les dépasse enfin et vient, en rabattant sa mante sur sa tête, se poster devant eux, à la porte du cimetière, dans l’attitude d’une mendiante.

Arrivé devant elle, CASSANDRE, d’un geste machinal, retire quelque monnaie de son gousset et lui fait l’aumône. Puis il passe. COLOMBINE reste seule.

Eux non plus ne l’ont pas reconnue !

COLOMBINE porte la main à son front avec un grand geste de désespoir, et, trébuchant à travers les tombes et les hautes herbes, vient s’abattre à plat ventre sur la tombe de PIERROT. On voit son dos haleter, secoué par les sanglots.

A ce moment, les deux Arlequins du premier tableau apparaissent sur la crête du mur, tous deux masqués de noir, leur guitare en sautoir et dans l’attitude de leur première apparition : l’un, assis, les jambes pendantes dans l’intérieur du cimetière, l’autre, à mi-corps sur une échelle, ils grattent, sur leur guitare, le motif de leur aubade… mais devenu singulièrement strident et moqueur.

A cette musique, COLOMBINE relève lentement la tête, comme folle, puis, se retournant, elle aperçoit les Arlequins. Elle se lève toute droite. Leur faisant face, le dos tourné au public, elle les regarde avec épouvante. Les Arlequins ôtent leurs masques et sous leurs bicornes ricanent deux têtes grimaçantes. Ils disparaissent derrière le mur, avec de grands éclats de rire.

COLOMBINE , elle, est tombée à la renverse en poussant un grand cri.


RIDEAU


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QUATRIÈME TABLEAU


Même décor qu’au premier tableau. – Chambre de COLOMBINE.

Au lever du rideau Mme CASSANDRE, CASSANDRE et le médecin sont groupés autour du lit de COLOMBINE.

A la porte, que tient entrebâillée une des filles du village, on voit passer le museau blanc de PIERROT.

Il fait grand jour ; le soleil illumine gaiement les vitraux.

Un mouvement se fait dans les rideaux du lit qui s’entr’ouvrent. COLOMBINE apparaît, couchée, la tête appuyée sur le bras de sa mère. Elle se réveille lentement, se lève sur son séant et ouvre de grands yeux étonnés : Où est-elle ? aurait-elle rêvé ?

Elle passe les bras autour du cou de Mme CASSANDRE, l’embrasse, baise les mains de son père qui, tout en essuyant une larme, va ouvrir la fenêtre toute grande et fait signe à PIERROT que COLOMBINE est guérie.

Sauvée ! Sauvée !… et, malgré Mme CASSANDRE, qui lui fait signe de rester dehors, il se précipite vers le lit de COLOMBINE, se jette à genoux, lui dévorant les mains de baisers, tandis que la servante essaie de pousser la porte contre un flot de visiteurs, filles et gars, qui veulent entrer !

Sauvée ! Sauvée !

Mme CASSANDRE fait comprendre à PIERROT qu’il faut laisser COLOMBINE.

Tandis que PIERROT va parlementer à la porte avec les visiteurs pour leur faire  prendre patience, COLOMBINE, aidée par sa mère et par la servante, se lève et passe une matinée à fleurs.

COLOMBINE est conduite auprès de la table. Elle s’installe dans le grand fauteuil et PIERROT, après un signe échangé avec Mme CASSANDRE, laisse pénétrer dans la chambre toutes les jeunes filles amies de COLOMBINE. COLOMBINE reçoit leurs félicitations, leur serre la main : elle n’est plus folle, elle est sauvée, elle est guérie… mais elle leur a fait une fière peur, hier ?…

PIERROT , qui s’est fait remplacer à la porte par une des jeunes filles, s’agenouille devant elle et lui chausse les petits souliers blancs de la veille ; – mais il est repoussé et congédié par Mme CASSANDRE, qui veut qu’on laisse sa fille s’habiller.

COLOMBINE est emmenée, par les jeunes filles, derrière un grand paravent que l’on déploie (paravent qui ne la cache qu’à PIERROT et à ceux qui occupent le fond de la scène et qui laisse les spectateurs témoins de la toilette de COLOMBINE).

Derrière ce paravent, les jeunes filles habillent, coiffent, lacent COLOMBINE en mariée, lui assujettissent son voile et sa couronne en dansant.

Pendant ce petit ballet sur place, PIERROT a ouvert la porte à ses amis, qui viennent tous lui serrer la main et se rangent sur le fond de la scène. PIERROT leur indique du geste que COLOMBINE s’habille là, derrière, et, tout heureux, ne tient pas en place, va de l’un à l’autre, puis, se penchant à la fenêtre, fait signe aux gens du dehors de monter.

Mme CASSANDRE, elle-même, ne se tient plus de joie et voltige sans arrêt à travers l’appartement.

Par la porte grande ouverte, les invités de la noce arrivent : hommes, femmes endimanchées, etc.

La famille CASSANDRE et PIERROT les reçoivent avec force salutations.

Un des amis de PIERROT lui apporte un flot de rubans qu’il pique à sa veste, un gros bouquet et un chapeau enrubanné… Enfin, les ménétriers, armés de leurs violons entrent en jouant et se rangent au fond de la scène.

Le paravent se replie COLOMBINE, en mariée, s’avance au-devant de PIERROT qui la prend par la main et lui fait faire le tour de l’appartement pour la présenter à la société.

Des vivats éclatent ; tous les gars agitent leurs chapeaux ; des coups de fusils pétaradent dehors ; les crins-crins font rage pendant que les cloches de l’église s’ébranlent joyeusement.

Mme CASSANDRE, que les jeunes filles ont coiffée d’une immense capote et enveloppée d’un grand châle, prend le bras de son gendre, tandis que M. CASSANDRE offre le sien à sa fille, tout en mettant ses gants.
   
Les gens de la noce se groupent par couples, derrière eux et le cortège se met en branle… cependant que les cloches multiplient leurs gais carillons.


FIN

The Ladies of the Night

Brassaï ~ Dancers in Les Demoiselles de la Nuit, 1949
Les Demoiselles de la Nuit tells the story of a musician who falls in love with his beautiful cat Agathe, who has assumed semi-human form.  Agathe tries to be faithful to her human lover but is lured away by the sound of tomcats and the call of freedom.  She leaps off the rooftops and the musician falls to his death as he tries to grab hold of her.  She falls after him and they are united in death.
Agathe/Margot Fonteyn

World Premiere Les Ballets de Paris de Roland Petit, Theatre Marigny, Paris, May 21, 1948

Music by Jean Francaix 
Choreography by Roland Petit 
Libretto by Jean Anouilh 
Scenery and costumes by Leonor Fini 
Lighting by Peggy Clark 

Cast Margot Fonteyn, Roland Petit, Gordon Hamilton, Joan Sheldon

 

From Russia with love

1. Costume for a chamberlain Le Chant du Rossignol, 1920 by Henri Matisse; 2. Costume for two young males in Shéhérazade,  1910 by Léon Bakst; 3. Léon Bakst, Le Dieu Bleu, 1912(1); 4. Léon Bakst, Le Dieu Bleu, 1912(2); 5. Léon Bakst, Schéhérazade, 1910; 6. Henri Matisse, Le Chant de Rossignol, 1920; 7. Natalia Gontcharova, Le Coq d´Or, 1914; 8. Léon Bakst, Le Dieu Bleu, 1912; 9. Alexander Golovin, L’Oiseau de feu, 1910; 10. Mikhail Larionov, Chout, 1921; 11. José-Maria Sert, Le Astuzie Femminili – Cimarosiana, 1924; 12. Nicholas Roerich, The Polovtsian Dances from Prince Igor, 1909

The National Gallery of Australia has a renowned collection of costumes from the Ballets Russes (the Russian Ballet), which was founded by the flamboyant Russian arts producer Serge Diaghilev (1872–1929). By integrating design, music and dance, and encouraging the artistic experimentation and collaboration of painters, choreographers and composers, Diaghilev created the new art of modern ballet. From 1909 to 1929, his company Les Ballets Russes de Serge Diaghilev performed in Paris, throughout Europe (although never in Russia) and in North and South America.  

Based in Paris from 1909, Diaghilev created opera and dance productions that brought the exoticism of Russian culture to a wider Western audience, and with it the work of Russian artists and designers such as Léon Bakst, Alexandre Benois, Natalia Goncharova and Mikhail Larionov; choreographers Michel Fokine and Léonide Massine; composers Igor Stravinsky, Alexander Borodin, Nikolai Rimsky-Korsakov and Nicholas Tcherepnin; and dancers such as Tamara Karsavina, Anna Pavlova, Adolph Bolm, Serge Lifar and Vaslav Nijinsky. Through the work of these artistic collaborators and performers Diaghilev was able to orchestrate and bring to life a new vision of the Slavic, oriental, baroque, romantic and later constructivist elements of Russian culture. 

Diaghilev’s association with the wider world of the arts led to him commissioning artists such as Pablo Picasso, Henri Matisse, André Derain, Robert and Sonia Delaunay, Georges Braque, José Maria Sert and Giorgio de Chirico to design costumes and scenery for a number of his productions. The costumes reveal aspects of these artists’ work as designers and provide insights into the nature of collaboration between the performing and visual arts. Valuable works such as Léon Bakst’s The blue god costume worn by Nijinsky in Le dieu bleu in 1912, Henri Matisse’s design for Costume for a mourner in the 1920 production of Le chant du rossignol and Giorgio de Chirico’s Costume for a male guest in the 1929 production of Le bal are some of the many highlights of the collection.  

The costumes designed and worn by Diaghilev’s designers and dancers from 1909 to 1929 form the main part of the Gallery’s Ballets Russes collection, and complementing these are costumes from some of the productions of his successor Colonel Wassily de Basil, whose companies revived much of Diaghilev’s repertoire from 1932 to the late 1940s. 

With Diaghilev’s untimely death in Venice in 1929, the Ballets Russes disbanded, and a diaspora of its dancers and choreographers formed new and influential dance companies in North America and Europe. In 1932 de Basil and René Blum formed a new company, Les Ballets Russes de Monte Carlo, which de Basil took over as sole director in 1935. This company (under various names and business arrangements) toured to Australia in 1936, 1938–39 and 1939–40, creating a sensation with its repertoire of Diaghilev and newer productions and its integration of avant-garde design with innovative performance and music. The legacy of the Ballets Russes is its role in the introduction of modern dance in Australia, led by a number of the company’s dancers and choreographers who remained in Australia or returned to work here. This legacy is currently being examined during a four-year collaborative research project between the National Library of Australia, The Australian Ballet and the University of Adelaide, which will provide a further Australian dimension to the National Gallery of Australia’s collection.  

Following the demise of de Basil’s company in 1951, its rich remaining stock of Diaghilev’s original costumes and those from de Basil’s earlier companies, maintained in Paris long after their arduous life on the stage, eventually found their way into several major museum collections during the 1960s and 1970s, including that of the then fledgling Australian National Gallery (now the National Gallery of Australia), which acquired a large group of Ballets Russes costumes in 1973 and again in 1976.1 The Gallery’s collection of Ballets Russes costumes is one of its major assets and is one of the world’s largest collections of this material. The last exhibition of these costumes, From Russia with love, was staged by the National Gallery of Australia in 1999. Selections from the collection, focusing on individual productions of the Ballets Russes, are regularly displayed in the International Art galleries to show their relationship to, and influence on other design and decorative arts of the early twentieth century. 

Many of these costumes have been restored during the past twenty years by the Gallery’s textile conservators. Their painstaking work continues on a group of costumes not previously exhibited due to their degraded condition. The conservators’ long experience with the particular characteristics of the Ballets Russes designers’ materials and construction methods allows for the complex and sometimes seemingly impossible reconstruction of costumes that have had little care since they were last donned for performance. The conservators’ brief is to maintain the working and visual condition of costumes that have been used, while repairing and replacing elements of their fabric that have been lost or damaged by insects or extended exposure to light.  

Robert Bell
Senior Curator, Decorative Arts and Design

National Gallery of Australia
From Russia with love

The great cinematographer Jack Cardiff

Michael Powell and Emeric Pressburger – with Cardiff, the composer Brian Easdale and the designer Alfred Junge – took British films into an area of fantasy and romance previously dominated by European expressionism and spangled American spectaculars. 


Ostensibly innocent entertainments, which were sometimes sermons on universal brotherhood or passionately patriotic, the films – like fairy tales – were frequently underpinned by obsessive passion, often ugly in its consequences, and unfolded in a highly stylised fashion that reflected Powell’s love of opera and ballet. 

For Black Narcissus, Cardiff conjured from studio sets a Himalayan fantasy: a rhapsody of lush jungle, rivers, precipitous snow-capped mountains and blood-orange sunsets that Rumer Godden – author of the original novel, about a group of troubled nuns – called “magical” and the saving grace of the film, which was “otherwise without an atom of truth”.  

Black Narcissus

In The Red Shoes – the story of a ballerina’s fatal obsession with her art – Cardiff’s fluid camera and bold use of colour created a unity from naturalistic, staged and dream sequences. He had a remarkable gift for telling a story with colours, and used red to striking effect: there is the red dress and lipstick of Kathleen Byron’s lovesick nun in Black Narcissus, and the red ballet shoes that torment Moira Shearer’s ballerina. 

The Red Shoes

Cardiff could find eroticism latent in the most unpromising circumstances, and few were able to light women as he could: his close-ups of burning eyes and moist lips revealed passionate depths in such demure actresses as Deborah Kerr and Kim Hunter. 


His work for Powell and Pressburger’s Archers production company made him one of the most celebrated of international cinematographers, and he brought elegance and humour to many American films. He worked with directors such as Alfred Hitchcock, on Under Capricorn (1949); Albert Lewin, on the deliriously poetic and sensually overladen Pandora and the Flying Dutchman (1951); Richard Fleischer, on the swashbuckling The Vikings (1958); and Laurence Olivier, on The Prince and the Showgirl (1957). Of the last of these films, Cardiff said: “[Marilyn] Monroe was a manic depressive. Olivier should have got an Oscar for his patience.” 

The Prince and the Showgirl

He also survived working with John Huston, for whom he filmed The African Queen (1951), a project of celebrated hardship made in colour, with Huston at his most perverse, more interested in hunting than in filming.  

The African Queen

For King Vidor, Cardiff filmed the gargantuan battle scenes in the American/Italian production of War and Peace (1956), for which he received one of his numerous Oscar nominations. In the event, he won only once, for Black Narcissus

War and Peace

The son of music hall performers, Jack Cardiff was born at Great Yarmouth on September 18 1914. His parents toured extensively, and Jack later claimed to have attended a multitude of schools. He made his film debut at the age of four, and in a subsequent role he played a boy who dies after being run over – his demise took three days to film, a harrowing experience for his parents since his elder brother had died in infancy.


After appearing in a dozen films, Jack’s acting career stalled, and he found work as a runner on set. He showed an interest in photography, and by 1935 he was a camera operator on René Clair’s The Ghost Goes West. He was fascinated by the new process of Technicolor, on which he quickly became an authority, and was involved in Wings of the Morning (1937), the first Technicolor film to be made in Britain.

During the Second World War Cardiff filmed Western Approaches (1944), a remarkable mixture of documentary and fiction exalting the exploits of Britain’s Merchant Navy, and began his long association with Powell and Pressburger, with whom he worked on The Life and Death of Colonel Blimp (1943), an affectionate tribute to the British national character which none the less enraged Winston Churchill (he deemed it to be unpatriotic).
In 1946 Cardiff was asked by Powell to light and photograph A Matter of Life and Death, in which David Niven plays a wartime pilot who, after being killed in a crash, is overlooked by the heavenly messengers sent to collect him; and, since he has developed a profound affection for an American servicewoman (Kim Hunter), is given a second chance after a prolonged heavenly court case.

For this film Cardiff contributed memorable trick sequences (time stands still when the heavenly envoy appears) and photographed a grandiose, if chilly, view of the hereafter (vast staircases and antiseptic waiting rooms). A Matter of Life and Death was selected for the first Royal Film performance and cemented Cardiff’s place with Powell and Pressburger’s Archers production team.

In the 1960s Cardiff made a prolonged foray into directing. He favoured fantastic or poetic subject matter, with mixed results. For a long time he treasured hopes of filming James Joyce’s Ulysses, but they were never realised. His other attempt to film internal monologue – Girl on a Motorcycle (1968) – was one of the most unintentionally hilarious films of the decade. 

Girl on a Motorcycle

Also known as Naked Under Leather, it stars Marianne Faithfull as a continental bimbo who leaves her sleeping husband, zips herself into black leather, straddles an enormous motorbike and thrashes off to seek the heartless intellectual (Alain Delon), who alone can satisfy. At a sexual climax induced by her beloved machine, she crashes spectacularly and dies. One feature of this fetishistic curio is that even on the most extreme bends the motorcycle never appears to deviate from the vertical. 

Alain Delon and Marianne Faithfull

Another peculiar venture was The Scent of Mystery (1960). Made for that quintessential showman Michael Todd, it was the first film to be presented in Odorama, or “Smell-O-Vision”, a system that released odours in a cinema so that the audience could “smell” what was happening on the screen.


More successful was Cardiff’s version of Sons and Lovers (1960), with Dean Stockwell, Mary Ure and Wendy Hiller, which won Cardiff a number of critics’ awards and was nominated for seven Oscars. He also directed The Lion, with William Holden (1962); The Long Ships (1963); and he took over the direction of Young Cassidy (1964) when John Ford fell ill.

In the 1970s and 1980s Cardiff returned to work as a cinematographer of romantic films set in exotic places. He had never taken to the naturalism of dirty fingernails and housing estates, and his rich style could look naive, or even stuffy, alongside the fast cutting and violent images of the video age.

Among his films were Ride a Wild Pony (1976), Death on the Nile (1978), Tai Pan (1986) and The Awakening (1980), a dreadful horror film from the team which made Blood from the Mummy’s Tomb.

He went over the top once more, with the director Richard Fleischer, on Conan the Destroyer (1984) and Call from Space (1988). He also photographed Sylvester Stallone’s gleaming torso sweating its way through mud, blood and heavy undergrowth in Rambo: First Blood, Part II (1984). 

Actress Sophia Loren (C) picnicking with director Henry Hathaway (L), producer Robert Haggiag (near R)
and cameraman Jack Cardiff (R) on Via Appia Antica between shooting scenes for Legend of the Lost 
Phototo by Eliot Elisofon, 1951

In 1994 the Los Angeles Society of Cinematographers presented Cardiff with its international award for outstanding achievement; the next year he received a lifetime achievement award from the British Society of Cinematographers. In 2000 he was appointed OBE, and the following year he was awarded an honorary Oscar.


Jack Cardiff published an autobiography, The Magic Hour (with a preface by Martin Scorsese), in 1996. He enjoyed painting, and said that the French Impressionists had been a major influence on his work with the camera. (from Jack Cardiff’s obituary in telegraph.co.uk, April 24, 2009.)

Images: Alt Film Guide  and  LIFE

Loïe Fuller

Marie Louise Fuller [1862-1928]

Born in Chicago in 1862, Loïe Fuller began her stage career as a child actress. During her twenties, she performed as a skirt dancer on the burlesque circuit. In 1891 she went on tour with a melodrama  called “Quack MD,” playing a character who performed a skirt dance while under hypnosis. Fuller began experimenting with the effect the gas lighting had on her silk skirt and received special notice in the press. Her next road tour, in a show called “Uncle Celestine,” featured this new version of the skirt dance. By emphasizing the body was transformed by the artfully moving silk. One reviewer described the effect as “unique, ethereal, delicious…she emerges from darkness, her airy evolutions now tinted blue and purple and crimson, and again the audience…insists upon seeing her pretty piquant face before they can believe that the lovely apparition is really a woman.”

Loie Fuller and Folies Bergeres
By 1892, Fuller had moved to Paris and was performing with the Folies Bergeres. She was an immediate sensation with audiences and critics. Stephane Mallarme, the leading poet of the Symbolist movement, dubbed her “La Loie” and described her dancing as “the dizzyness of soul made visible by an artifice.” Fuller remained in Europe for the rest of her career, continuing to develop her theories of movement using material and lighting effects. She returned to the United States to perform, but was never fully appreciated by her own countrymen. 

Loie Fuller’s Innovations:
– Fuller was an inventor and stage craft innovator who held many patents for stage lighting, including the first chemical mixes for gels and slides and the first use of luminescent salts to create lighting effects. She was also an early innovator in lighting design, and was the first to mix colors and explore new angles. Fuller was well respected in the French scientific community, where she was a close personal friend of Marie Curie and a member of the French Astronomical Society.  
– Fuller had a school and a company beginning in 1908, where she taught natural movement and improvisational techniques. She did not, however, teach them her lighting and costuming “tricks.” 
– Fuller was the first expatriot American dancer, and introduced Isadora Duncan to Parisian audiences. 
     
    Danse Serpentine by Auguste and Louis Lumière, 1896


    Source: University of Pittsburgh
    Images: Online Archive of California (OAC)